L'abus de faiblesse est un délit pénal, défini par l'article 223-15-2 du Code pénal. Il s'agit du fait d'abuser de la vulnérabilité d'une personne pour la conduire à accomplir un acte qui lui est gravement préjudiciable. L'acte peut être une signature, une abstention ou une donation.
b. Conditions pénales de l'abus de faiblesse
Pour que l'abus de faiblesse soit caractérisé, plusieurs conditions doivent être réunies :
L'état de vulnérabilité de la victime : La victime doit être en situation de faiblesse due à son âge, une maladie, une infirmité, une déficience physique ou psychique.
L'abus de cette faiblesse : L'auteur doit avoir conscience de l'état de vulnérabilité de la victime et en avoir profité.
Le préjudice : L'acte accompli par la victime doit être gravement préjudiciable pour elle-même ou pour son patrimoine.
Exemple : Un arrêt de la Cour de cassation a confirmé la condamnation pour abus de faiblesse d'une personne ayant profité de l'état de vulnérabilité d'une personne âgée pour la faire souscrire à un grand nombre de contrats d'assurance-vie et de prêts, ce qui a entraîné un préjudice financier important (Cass. crim., 23 mai 2012, n° 11-82.593).
c. Les peines encourues
Les peines encourues pour l'abus de faiblesse sont de trois ans d'emprisonnement et de 375 000 euros d'amende. Ces peines peuvent être aggravées si l'infraction est commise par un professionnel (médecin, banquier, notaire, etc.).
2°/ L'ABUS DE FAIBLESSE DANS SON RAPPORT AVEC LA CAPTATION D'HÉRITAGE ET LE DÉTOURNEMENT DE SUCCESSION
L'abus de faiblesse est une infraction pénale qui peut avoir de graves conséquences en droit civil des successions. C'est souvent l'une des premières actions intentées par les héritiers qui s'estiment lésés.
a. L'incidence de la qualification pénale sur la sanction civile
La condamnation pénale pour abus de faiblesse a une autorité de la chose jugée au civil. Si un tribunal pénal a reconnu que l'état de faiblesse de la personne a été exploité pour obtenir des donations ou un testament, le tribunal civil sera lié par cette qualification. Cela permet aux héritiers de demander plus facilement la nullité des donations ou du testament.
b. Qualification pénale et qualification civile
Le dol, l'erreur et la violence
Ces notions sont des vices du consentement qui peuvent entraîner la nullité d'un acte juridique, y compris un testament ou une donation (art. 901 C. civ.).
Dol : Manœuvres frauduleuses visant à tromper une personne pour l'amener à s'engager.
Erreur : Se tromper sur les qualités essentielles de l'acte ou de la personne.
Violence : Pression physique ou morale exercée sur une personne. Le dol est la notion qui se rapproche le plus de l'abus de faiblesse, car elle implique également l'idée de fraude. Cependant, l'abus de faiblesse, étant un délit pénal, implique des sanctions plus lourdes et une présomption de la gravité de l'acte.
Exemple : La Cour de cassation a annulé un testament pour dol, au motif que le légataire avait trompé la testatrice sur sa situation familiale pour la convaincre de le désigner comme héritier universel (Cass. 1re civ., 10 mai 2005, n° 02-19.125).
L'incapacité et l'insanité d'esprit
L'incapacité et l'insanité d'esprit (art. 901 C. civ.) concernent l'état mental du testateur au moment où il a rédigé l'acte. Si la personne n'était pas en mesure de comprendre la portée de ses actes, l'acte est nul, quelle que soit la cause. La preuve de l'insanité d'esprit est souvent faite par des expertises médicales.
Exemple : La Cour de cassation a annulé un testament rédigé par une personne souffrant de la maladie d'Alzheimer, considérant qu'elle n'avait pas la capacité de tester à ce moment-là (Cass. 1re civ., 19 déc. 2018, n° 17-27.492).
En conclusion, l'abus de faiblesse peut être utilisé comme preuve en matière de captation d'héritage et de détournement de succession. Si la qualification pénale est retenue, elle facilite la qualification civile et ouvre la voie à l'annulation des actes juridiques qui ont été faits au préjudice de la victime. La captation d'héritage (ou suggestion) est la manœuvre frauduleuse qui a lieu du vivant de la personne pour l'influencer à rédiger un testament en sa faveur. Le détournement de succession (ou recel) est le fait de s'approprier un bien de la succession après le décès.
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